Avertissement : cet article contient des informations sur le dysfonctionnement du plancher pelvien et les douleurs pelviennes. Si ces sujets vous causent du stress, pensez d’abord à votre bien-être personnel avant de poursuivre la lecture. Les examens gynécologiques peuvent rendre mal à l’aise les personnes qui ont subi des traumatismes lors d’examens cliniques (violences obstétricales ou gynécologiques, racisme ou transphobie dans les établissements de santé), ainsi que des violences sexistes ou sexuelles en dehors du cadre des soins de santé. Ces traumatismes peuvent avoir des répercussions sur la santé sexuelle et reproductive bien après que les événements se sont produits.
Résumé : La physiothérapie du plancher pelvien (PTPP) est un type de physiothérapie spécifique pour les muscles situés à la base de votre bassin : les muscles du plancher pelvien. La PTPP peut être utile pour les personnes souffrant de dysfonctionnement du plancher pelvien, d’incontinence, de douleurs pelviennes et du prolapsus des organes pelviens. Poursuivez la lecture de cet article pour découvrir en détail ce qu’est la PTPP, ainsi que son fonctionnement!
Dans cet article, nous allons passer en revue tout ce que vous devez savoir sur la physiothérapie du plancher pelvien. Cet article a été inspiré par les questions qu’un membre de la communauté a posées sur la santé des muscles du plancher pelvien dans la boîte de soumission anonyme sur notre site Web (faites défiler notre page d’accueil jusqu’en bas pour poser votre question).
Voici quelques exemples de sujets que nous allons aborder :
Qu’est-ce que la physiothérapie du plancher pelvien?
À quoi puis-je m’attendre lors d’une séance de physiothérapie du plancher pelvien?
Antécédents médicaux et sexuels
Évaluations physiques
Ce qui se passe après l’examen
Les exercices que vous pouvez faire à la maison : Kegel!
Trouver un physiothérapeute du plancher pelvien
Qu’est-ce que la physiothérapie du plancher pelvien?
La physiothérapie du plancher pelvien (PTPP) est un type de physiothérapie spécialisée, axée sur le rétablissement et le renforcement des muscles à la base de votre bassin (consultez l’image ci-dessous). La PTPP est une approche préventive recommandée pour les femmes enceintes (qui le sont actuellement ou qui souhaitent le devenir) pour prévenir l’incontinence urinaire et fécale (1), et pour celles qui éprouvent des douleurs génitales (chroniques ou au cours de rapports sexuels). Les exercices de PTPP, y compris les exercices de Kegel, peuvent également être utiles pour réduire la douleur et l’incontinence urinaire après une chirurgie suite au cancer de la prostate (2). La PTPP peut aussi être utile pour la fonction sexuelle, l’augmentation de la sensibilité et de l’excitation, la puissance des orgasmes et la réduction des symptômes de la dysfonction érectile (3). La PTPP peut inclure des manipulations manuelles à la fois internes (à travers le vagin ou le rectum) et externes des muscles et des ligaments du plancher pelvien, pour étirer, renforcer ou soulager les muscles (4). Elle peut être particulièrement utile en cas de dysfonctionnement du plancher pelvien, d’incontinence, de douleur pelvienne, et de prolapsus des organes pelviens, offrant une option de traitement à faible risque et fondée sur des données probantes (5, 6).
Veuillez noter que le corps humain est différent d’un individu à l’autre et que l’anatomie est variable d’un individu à l’autre.
Le dysfonctionnement du plancher pelvien est un terme générique désignant une fonction anormale du plancher pelvien, qui peut être due à des anomalies anatomiques sous-jacentes, à une maladie ou à une blessure physique. Le dysfonctionnement survient lorsque le tonus musculaire est trop fort (hypertonicité) ou trop faible (hypotonicité) (5).
Hypertonicité : douleur pelvienne chronique, dyspareunie, vaginisme, vulvodynie (peut contribuer à des rapports sexuels douloureux), névralgie du nerf honteux, cystite interstitielle (5).
Hypotonicité : incontinence à l’effort, prolapsus des organes pelviens (5).
Le dysfonctionnement du plancher pelvien peut avoir des répercussions sur la fonction urinaire ou intestinale, et peut causer des douleurs pelviennes. La PTPP peut aider à détendre et à allonger les muscles du plancher pelvien, en cas d’hypertonicité. Elle peut également aider à renforcer les muscles du plancher pelvien, en cas d’hypotonicité.
L’incontinence est une perte du contrôle volontaire de la vessie ou de l’intestin, qui conduit à des fuites de liquides (notamment d’urine ou de matières fécales) (6). L’incontinence urinaire d’effort est une fuite d’urine provoquée par le rire, la toux, les éternuements ou le soulèvement de charges (6). Loin d’être idéal! Mais loin d’être rare! Le risque d’incontinence est plus élevé chez les personnes ayant un corps plus massif, et augmente avec l’âge. La grossesse fait également croître le risque d’incontinence, qui augmente tout au long de la grossesse (6). Comme vous pouvez l’imaginer, cela a des implications sur la qualité de vie et la santé mentale (7). Les personnes souffrant d’incontinence ont signalé des répercussions négatives sur leur vie sociale, leurs activités quotidiennes, leur sommeil et leur vie sexuelle (7).
La douleur pelvienne est un terme générique qui peut inclure une douleur chronique au niveau des organes génitaux (p. ex., vulvodynie) ou une douleur pendant ou après les rapports sexuels (dyspareunie), pouvant coexister avec d’autres comorbidités, telles que l’endométriose ou la cystite interstitielle (vessie douloureuse). Près de 20 % des femmes ressentent de la douleur pendant les rapports sexuels, ce qui a un impact sur la qualité de leur vie sexuelle, leurs relations et leur santé mentale (8, 9). Il est souvent difficile de demander de l’aide, et ce pour diverses raisons : l’embarras, la normalisation de la douleur ou de mauvaises expériences antérieures en matière de soins de santé. Notre société a tendance à éviter de parler des douleurs pelviennes ou sexuelles, et dénigre les expériences des femmes et des personnes de genres différents, en particulier celles des personnes racialisées. Cela est particulièrement vrai pour les Noirs, dont les symptômes de douleur sont historiquement et systématiquement rejetés dans les établissements de soins de santé (lisez l’article de Maisha Johnson, « I’m Black. I Have Endometriosis – and Here’s Why My Race Matters »). L’invalidation des expériences vécues par des patientes peut être perpétuée dans les cabinets de soins de santé, et les patientes peuvent penser qu’on ne les croit pas lorsqu’elles signalent leurs symptômes. Il s’agit souvent d’un effet de rétroaction toxique, par lequel les médecins peuvent dénigrer la crédibilité des patientes, les faisant douter d’elles-mêmes, ou les laisser seules avec leur douleur, avec pour conséquence un sous-diagnostic et un traitement insuffisant pour les personnes qui souffrent de douleurs pelviennes (9).
Le prolapsus des organes pelviens se produit lorsque les organes du bassin (utérus, vessie, intestin) glissent de leur position habituelle vers le bas à l’intérieur du canal vaginal. La prévalence du prolapsus des organes pelviens varie de 2,9 à 12,1 % (10). Chez les femmes postménopausées, la prévalence augmente à 41 % des patientes qui ont un utérus (10). En fin de compte, le prolapsus des organes pelviens est loin d’être rare! Si la plupart des patientes ne présentent pas de symptômes, d’autres peuvent cependant éprouver un gonflement ou une protrusion dans le vagin (11).
La PTPP est une option de traitement de premier recours, fondée sur des données probantes, adaptée à de multiples affections du plancher pelvien (telles que celles énumérées ci-dessus) afin d’améliorer la force, l’endurance, la puissance ou le pouvoir de relaxation des muscles pelviens (4; 6). Il s’agit d’une approche à faible risque et relativement peu invasive, qui vise à fournir une validation des symptômes et un soulagement aux patients. Cependant, il existe des rapports mitigés sur l’efficacité de la PTPP pour les cas graves de prolapsus des organes pelviens ou d’incontinence urinaire qui nécessitent un traitement chirurgical (4).
À quoi puis-je m’attendre lors d’une séance de PTPP?
La phase de discussion : Antécédents médicaux et sexuels
Le physiothérapeute commencera par demander un historique détaillé de ce qui suit :
Symptômes
Antécédents sexuels, santé de la vessie et des intestins
Activité physique quotidienne
Cette partie est généralement très détaillée. Vous devrez peut-être remplir un formulaire à l’avance pour répondre à ces questions.
Évaluations physiques
Dos, hanches, jambes – Vérification de votre posture, des mouvements de la colonne vertébrale, de la démarche, du bassin, du mouvement des jambes, et des tests de résistance.
Votre respiration – Vérification de votre diaphragme, de votre tronc et de votre plancher pelvien. Toutes ces parties du corps travaillent conjointement, et votre respiration peut donc avoir un impact sur la fonction du plancher pelvien.
Tension musculaire – Vérification autour du bassin et de la paroi abdominale.
Examen génital externe – Vérification de la peau et des muscles pour noter les irritations, lésions, traumatismes, atrophies, etc., éventuels. Le périnée (espace entre la vulve ou le scrotum et l’anus) est examiné à la recherche de signes de prolapsus.
D’autres examens peuvent inclure le test du coton-tige, pour vérifier s’il y a une réponse douloureuse en cas d’application d’un coton-tige contre la vulve, ce qui peut fournir plus d’informations sur la vulvodynie et le type de douleur que vous ressentez.
Examen génital interne
Toucher vaginal à un doigt – Vérification de la sensibilité, du tonus et des spasmes dans les muscles du vagin, de l’urètre et du plancher pelvien. Le patient peut avoir à contracter les muscles (comme un exercice de Kegel) pour évaluer le tonus.
Examen bimanuel – On place un ou deux doigts dans le vagin tout en appuyant doucement sur le bas-ventre pour vérifier l’utérus, les ovaires et les trompes de Fallope.
Pendant l’examen, vous devez être allongée confortablement sur le dos, sous une couverture. En raison de la nature sensible de cet examen et de ce traitement, il est important de se sentir à l’aise et respectée. Il peut s’agir de trouver un physiothérapeute ayant la même identité de genre que vous, ou d’aller à vos rendez-vous avec une personne de confiance. Si, à tout moment, vous êtes mal à l’aise ou ressentez de la douleur, vous pouvez bien entendu demander une pause ou l’arrêt de l’examen! Ces sentiments d’inconfort sont valables et votre professionnel de la santé doit être compatissant et comprendre vos besoins. Le prestataire de soins doit vous informer pleinement et à l’avance des prochaines étapes de l’examen, en vous donnant des informations claires sur la nécessité de chaque étape. Il est également important de noter que les examens du plancher pelvien ne doivent pas nécessairement inclure un examen pelvien interne – c’est à vous de décider! En outre, si vous n’êtes pas à l’aise pour enchaîner immédiatement les étapes, vous pouvez toujours les amener progressivement. L’examen pelvien interne vise à fournir plus d’informations sur les causes possibles de dysfonctionnement. En fin de compte, cependant, ce traitement doit être centré sur vous et personnalisé selon votre niveau de confort. :)
3. Après l’examen, le physiothérapeute vous proposera divers traitements spécifiques à vos besoins.
Éducation : par exemple, l’apprentissage de votre propre anatomie (p. ex., en utilisant un miroir pour observer l’examen, en fonction de votre propre niveau de confort), l’identification des différents muscles que vous allez exercer, ou la modification de votre mode de vie pour réduire l’inconfort.
Peut utiliser le biofeedback, des dilatateurs, une stimulation électrique. (Voir ci-dessous pour plus d’informations.)
Manipulations des muscles du plancher pelvien – par exemple, l’allongement des muscles et des ligaments ou la libération de la tension des muscles et des ligaments par des étirements ou l’application de pression.
Le biofeedback est une technique qui peut vous aider à identifier les muscles appropriés à renforcer ou à détendre. Le physiothérapeute peut utiliser une sonde (insérée par voie anale ou vaginale) et des coussinets adhésifs abdominaux sur le bas-ventre ou la peau à côté de la vulve pour identifier les muscles que vous utilisez. Il vous donnera un feedback visuel ou verbal, pour que vous puissiez visualiser le travail de vos muscles et vous corriger vous-même si nécessaire (12; 13).
Les dilatateurs ont un nom trompeur, car ils ne sont pas utilisés pour « dilater » le canal vaginal. Au contraire, ils sont utilisés pour réapprendre aux tissus mous à l’intérieur et autour du vagin à se détendre et à s’allonger, afin de soulager la douleur, les spasmes ou l’hypersensibilité (14). Les dilatateurs existent en différentes tailles (circonférence, longueur) et votre physiothérapeute devrait vous aider à choisir la bonne taille. La thérapie par dilatation consiste à s’allonger en position semi-inclinée, ou totalement inclinée, à ajouter un lubrifiant à base d’eau au dilatateur, à insérer le dilatateur dans le vagin aussi loin que possible et à maintenir le dilatateur en place pendant dix minutes, tout en appliquant une légère pression vers le bas (15). Il est souvent recommandé d’utiliser une thérapie dilatoire tous les jours et avant les rapports sexuels avec pénétration.
La stimulation électrique est un bon outil si vous êtes incapable de serrer volontairement les bons muscles du plancher pelvien. Par exemple, si vous entendez sans cesse le mot « Kegel », mais que vous ne parvenez pas à comprendre comment le faire vous-même. Une petite électrode peut être placée dans le vagin ou l’anus pour stimuler les bons muscles à contracter. La durée du traitement dépend du plan de traitement établi avec votre équipe de soins de santé. Les contractions électriques devraient vous aider à renforcer les muscles du plancher pelvien (16). Une autre forme de stimulation électrique peut être utilisée en plaçant une électrode sur le bas du dos (près de votre sacrum ou de votre coccyx). Cela active votre nerf sacré (qui innerve la vessie) pour le traitement de l’incontinence urinaire (17).
Les exercices que vous pouvez faire à la maison : Kegel!
Un Kegel (prononcé ki-gol) est un exercice pour renforcer les muscles du plancher pelvien. Ils peuvent être utiles à toute personne souffrant de fuites de liquides (ou souhaitant les prévenir), ou cherchant éventuellement à améliorer le fonctionnement sexuel. La culture populaire associe généralement les exercices de Kegel au vagin; cependant, les personnes ayant un pénis peuvent également bénéficier des avantages du renforcement des muscles du plancher pelvien.
Les individus peuvent également utiliser divers outils pour aider à faire leurs exercices de Kegel, bien qu’il existe peu de recherches sur ces outils. Une étude a recruté des personnes ayant un vagin et souffrant d’incontinence urinaire et les a réparties en deux groupes : le groupe Kegel non assisté et le groupe Kegel assisté (à l’aide de l’outil « Kegelmaster »). Les deux groupes ont pratiqué des exercices de Kegel deux fois par jour, 15 minutes par séance, pendant 12 semaines. Les deux groupes ont montré une amélioration de l’incontinence urinaire et de la qualité de vie, mais les améliorations des groupes ne différaient pas les unes des autres (18). En d’autres termes… Avec ou sans outils spécifiques, les exercices de Kegel ont été utiles!
Les exercices de Kegel ne sont pas dangereux, mais, comme tout autre exercice, si vous les faites mal, ils peuvent entraîner des tensions musculaires ou ne pas exercer les bons muscles (19). C’est pourquoi il peut être utile d’en apprendre davantage sur votre anatomie et de consulter un physiothérapeute spécialiste du plancher pelvien!
Comment bien réaliser les exercices de Kegel
Videz votre vessie et vos intestins.
Trouvez une position confortable (couchée ou assise).
Continuez à respirer (ne retenez pas votre souffle – rappelez-vous que votre diaphragme et vos abdominaux sont connectés à votre plancher pelvien, vous voulez le garder détendu)!
Trouvez les bons muscles – quelques conseils de visualisation :
Imaginez que vous vous empêchez d’émettre des gaz.
Imaginez que vous vous arrêtez d’uriner en plein milieu.
Imaginez aspirer une bille avec votre vagin ou votre anus.
Évitez de contracter les abdominaux, les fessiers ou les jambes.
Maintenez la pression :
Vous pouvez commencer par la maintenir pendant trois secondes, puis vous vous décontractez pendant trois secondes.
Lorsque vous y serez habitué, vous pourrez essayer de maintenir la pression pendant dix secondes, en alternant contraction/décontraction. Faites au moins 10 à 15 répétitions, 3 fois par jour.
Trouver un thérapeute de PTPP
Consultez la Division de la santé des femmes de l’Association canadienne des physiothérapeutes pour les physiothérapeutes ayant une formation en santé pelvienne.
Ressources médiatiques
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Références
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